Dans un immeuble en copropriété, l’esquisse d’étage est souvent le document clé qu’il faut pour vendre, modifier ou clarifier les droits de chaque lot. Peu connue du grand public, elle constitue pourtant une pièce essentielle du dossier de copropriété, au même titre que le règlement ou l’état descriptif de division.

Nos architectes d’intérieur vous propose comme exemple cette esquisse d’un bâtiment à Mulhouse. Un exemple concret illustre parfaitement son utilité : ce document, réalisé par un géomètre-expert GEOMEX, permet de visualiser la répartition précise des appartements, locaux commerciaux et combles d’un immeuble ancien, tout en définissant les quotes-parts de chaque copropriétaire. Sans cette esquisse à jour, impossible d’assurer une gestion claire et conforme du bâtiment.

Dans cet article, nous allons voir ce qu’est réellement une esquisse d’étage, à quoi elle sert, comment elle est réalisée, et en quoi elle se distingue d’une esquisse architecturale classique. Nous verrons également quelles sont les démarches à suivre pour la mettre à jour, ainsi que les risques encourus lorsque ce document n’est plus conforme à la réalité du bâti.

esquisse d'étage par géomex à mulhouse
Esquisse d’étage par Géomex, mandaté par nos architectes d’intérieurs à Mulhouse

Qu’est-ce qu’une esquisse d’étage ?

L’esquisse d’étage est un document foncier officiel, réalisé par un géomètre-expert, c’est-à-dire un professionnel assermenté habilité à mesurer, diviser et certifier les surfaces d’un bâtiment.
Elle représente la répartition de chaque niveau d’un immeuble, étage par étage, et précise comment le bâtiment est découpé entre les parties communes et privatives.

Autrement dit, c’est un plan technique qui montre qui possède quoi dans un immeuble collectif : les appartements, les caves, les combles, les locaux commerciaux, etc, et quels sont les parties communes
Ce document est indispensable pour les copropriétés, car il accompagne le règlement de copropriété (document juridique qui fixe les droits et devoirs de chaque copropriétaire).

Concrètement, une esquisse d’étage indique pour chaque niveau du bâtiment :

  • les parties privatives, c’est-à-dire les espaces appartenant à un seul propriétaire (un appartement, un bureau, une cave, une place de parking, etc.) ;
  • les parties communes, c’est-à-dire les espaces partagés entre tous (escaliers, couloirs, toiture, murs porteurs, hall d’entrée, cour, etc.) ;
  • et les quotes-parts attribuées à chaque lot, souvent exprimées sur 10 000 parts.

⭢ Ces quotes-parts (ou tantièmes) représentent la proportion de propriété que chaque copropriétaire détient dans l’immeuble d’une partie commune.
Par exemple, un grand appartement au 2ᵉ étage aura une part plus importante qu’un petit studio au rez-de-chaussée.
C’est cette proportion qui sert de base au calcul des charges communes : entretien de l’immeuble, ravalement de façade, électricité des parties communes, ou encore travaux sur le toit.

Une spécificité du droit local en Alsace-Moselle

L’esquisse d’étage est particulièrement utilisée dans les départements du Bas-Rhin, Haut-Rhin et Moselle, où s’applique le droit local alsacien-mosellan.
Contrairement au reste de la France, ces régions disposent d’un régime foncier spécifique, basé sur le Livre Foncier, qui exige une description détaillée et certifiée des immeubles.

Dans ce cadre, l’esquisse d’étage sert de base au géomètre-expert pour établir ou modifier la division d’un immeuble en lots de copropriété.
Chaque modification structurelle (travaux, aménagement de combles, suppression de cloison, création d’un nouveau logement, etc.) nécessite une mise à jour de l’esquisse pour rester conforme aux plans déposés au cadastre et au Livre Foncier.

Le rôle clé de l’esquisse d’étage dans les copropriétés

Dans la gestion quotidienne d’une copropriété, l’esquisse d’étage a plusieurs fonctions majeures :

Régularisation foncière :
L’esquisse d’étage permet de vérifier que les plans officiels correspondent bien à la réalité.
C’est-à-dire qu’elle montre précisément comment le bâtiment est organisé aujourd’hui (appartements, caves, combles, locaux commerciaux, etc.) et met à jour les documents si des modifications ont été faites au fil du temps.
Sans cette régularisation, les plans d’intérieur servant de base de calcul de l’impôt peuvent devenir obsolètes et poser problème lors d’une vente ou d’un partage entre copropriétaires.

Répartition des charges :
L’esquisse d’étage sert aussi à calculer la part de chacun dans les dépenses communes.
C’est-à-dire que chaque lot (appartement, local, etc.) se voit attribuer une quote-part, souvent exprimée sur 10 000, qui représente son poids dans l’immeuble.
Schématiquement, un grand appartement occupe une plus grande surface, donc il paie une part plus élevée des charges de copropriété (entretien, électricité des parties communes, ravalement, etc.).

Transactions immobilières :
Lorsqu’un propriétaire vend son bien, l’esquisse d’étage garantit la transparence et la conformité du lot vendu.
C’est-à-dire qu’elle confirme sa position du logement dans le bâtiment, sa configuration, et les parties annexes qui lui appartiennent réellement (comme une cave ou un balcon).
Les notaires s’en servent pour rédiger l’acte de vente et s’assurer que tout est bien conforme au cadastre.

Mise en conformité :
L’esquisse d’étage est également un outil de contrôle et d’actualisation.
C’est-à-dire qu’elle permet d’éviter les litiges liés à des travaux non déclarés (comme l’aménagement d’un grenier ou la transformation d’un local en logement).
Grâce à elle, la copropriété reste conforme à la loi et chaque copropriétaire garde une situation foncière claire et à jour.

Exemple concret : l’esquisse d’étage de Mulhouse

Prenons le cas d’un immeuble situé à Mulhouse, dont l’esquisse a été établie par un géomètre-expert assermenté.
Ce bâtiment, inscrit sous les références cadastrales section KR parcelle n°157, est divisé en 8 lots principaux, répartis sur plusieurs niveaux :
un local commercial au rez-de-chaussée, plusieurs appartements aux étages et des combles partiellement aménagés.

L’esquisse d’étage y détaille la surface exacte de chaque lot, leur composition (pièces, annexes, accès) et la quote-part dans les parties communes attribuée à chacun.
Ce type de document permet à la copropriété d’avoir une vision claire et actualisée de la structure du bâtiment, d’éviter toute confusion lors des ventes, et de garantir la conformité légale du bien immobilier.

esquisse etage comble
Si vous souhaitez aménager vos combles, nous avons quelques idées !

Esquisse d’étage vs plan d’architecte : quelles différences ?

Le mot “esquisse” est souvent utilisé dans le monde du bâtiment, mais il ne signifie pas la même chose selon le contexte.
Il peut désigner un plan juridique et cadastral : comme l’esquisse d’étage réalisée par un géomètre ou un croquis de conception élaboré par un architecte pour imaginer un futur projet.

L’esquisse en architecture : un outil créatif et visuel

En architecture, une esquisse est avant tout un croquis préparatoire.
C’est le premier jet d’un projet, souvent dessiné à la main ou sur un logiciel, qui permet de visualiser une idée :

  • la disposition des pièces d’une maison,
  • la circulation intérieure,
  • l’orientation de la lumière,
  • ou encore la forme générale du bâtiment.

On parle parfois de plan d’esquisse, plan d’étage ou plan de masse.
Ces documents servent à conceptualiser un projet avant les plans techniques (comme le permis de construire ou le plan d’exécution).
L’esquisse architecturale, c’est donc le point de départ de la création : un support pour échanger avec le client, tester plusieurs idées et définir le style du futur bâtiment.

⭢ Exemple concret : un architecte réalise une esquisse de maison pour aider un marchand de biens à se projeter avant de lancer les travaux.
Le dessin peut être libre, esthétique, et n’a pas de valeur juridique il aide surtout à imaginer et planifier.

L’esquisse d’étage : un plan juridique et réglementaire

L’esquisse d’étage, elle, n’a rien de conceptuel.
C’est un document technique et officiel, réalisé par un géomètre-expert agréé.
Son rôle n’est pas de concevoir un bâtiment, mais de représenter précisément ce qui existe déjà, étage par étage.

Comme dit précédemment, elle sert à :

  • décrire la structure réelle du bâtiment,
  • définir les surfaces privatives et communes,
  • déterminer les lots de copropriété,
  • et calculer les quotes-parts de chaque propriétaire.

Autrement dit, l’esquisse d’étage, c’est le plan du présent, tandis que l’esquisse d’architecte, c’est le plan du futur.

⭢ Exemple concret : à Mulhouse, l’esquisse d’étage ne sert pas à concevoir le bâtiment, mais à certifier sa configuration actuelle pour le cadastre et le Livre Foncier.

cadastre

Géomètre-expert ou architecte : qui fait quoi ?

Ces deux métiers sont complémentaires, mais leurs rôles sont très différents :

⭢ Le géomètre-expert intervient pour mesurer, diviser et certifier.
C’est lui qui établit les plans officiels, les esquisses d’étage et les documents cadastraux.
Il agit dans le cadre du droit foncier : copropriétés, limites de parcelle, servitudes, mise à jour du cadastre…
En clair, c’est le garant de la précision juridique et technique du plan.

⭢ L’architecte, lui, intervient pour concevoir, transformer ou rénover.
Il élabore les plans de conception, les esquisses de projet, les plans d’aménagement et les documents de permis de construire.
Son rôle est plus créatif et esthétique : il imagine, optimise et dessine les volumes, en fonction des besoins du client et des contraintes techniques.

Comment se fait une esquisse d’étage ?

(à faire en accordéon car très longue en 6 étapes)

1. Le relevé par prise de cotes : mesurer avec précision

Tout commence par un relevé ou mesurage, c’est-à-dire faire une prise de mesures précises sur le terrain.
Le géomètre se rend sur place pour mesurer chaque pièce, chaque mur, chaque ouverture (portes, fenêtres, escaliers…).
Ces mesures, qu’on appelle les cotes, sont indispensables pour connaître les dimensions exactes du bâtiment et dessiner des plans fiables.

Aujourd’hui, la plupart des cabinets utilisent des instruments laser 3D ou des stations totales numériques pour obtenir des relevés ultra précis, souvent à quelques millimètres près.
C’est cette première étape qui garantit la fiabilité de l’esquisse.

2. Le relevé sur site : observer et comprendre la structure

Au-delà des mesures, le géomètre procède à un relevé d’observation.
C’est-à-dire qu’il analyse la configuration du bâtiment :

  • nombre d’étages,
  • épaisseur des murs porteurs,
  • accès aux combles,
  • emplacement des parties communes (escaliers, halls, cours),
  • limites entre les lots.

Cette étape permet d’identifier d’éventuelles incohérences entre la situation réelle et les anciens plans.
Par exemple : un grenier qui a été aménagé en logement, une cloison supprimée, déplacée, ou encore une surface transformée en local commercial.

3. Le dessin des plans d’étage : retranscrire le bâtiment

Une fois toutes les données collectées, le géomètre réalise les plans d’étage numériques.
Chaque niveau du bâtiment (rez-de-chaussée, 1ᵉʳ étage, 2ᵉ étage, combles…) est dessiné séparément, en y indiquant :

  • les pièces et leurs surfaces exactes,
  • la répartition des lots (appartements, caves, locaux commerciaux…),
  • les parties communes et leur position,
  • les limites précises entre chaque espace.

Ces plans sont ensuite utilisés pour calculer les surfaces de chaque lot pour définir les quotes-parts attribuées à chaque copropriétaire.

4. Le calcul des surfaces et l’attribution des quotes-parts

Les quotes-parts sont un élément essentiel de l’esquisse d’étage.
Elles déterminent la proportion de propriété de chaque copropriétaire dans les parties communes de l’immeuble.

⭢ Exemple concret : un grand appartement de 120 m² aura une quote-part plus importante qu’un studio de 30 m², ce qui signifie qu’il supportera une part plus élevée des charges communes telles que l’entretien, la copropriété ou encore les travaux collectifs.

5. Régularisation et mise à jour : pourquoi c’est indispensable

Une esquisse d’étage n’est pas figée dans le temps.
Dès qu’une modification importante est réalisée dans l’immeuble, il faut mettre à jour le document pour qu’il reste conforme à la réalité.

C’est le cas par exemple lorsque :

  • un grenier ou des combles sont aménagés en logement,
  • une pièce est agrandie après abattement de cloison,
  • un local commercial est transformé en habitation,
  • ou lorsqu’un nouvel étage ou une extension est ajouté(e).
  • un sous sol est aménagé en pièce de vie

Sans mise à jour, les plans deviennent obsolètes et peuvent bloquer une vente, un partage ou une régularisation notariale.
Une esquisse qui elle ne reflète plus la réalité du terrain peut créer des discordances dans la répartition des charges.

6. Validation et enregistrement officiel

Une fois l’esquisse terminée, le géomètre-expert la valide et la signe avant de la transmettre aux autorités compétentes. Elle est d’abord envoyée au services des impôts, le cadastre pour son enregistrement et la mise à jour des plans fonciers, puis déposée au Livre Foncier dans les départements d’Alsace-Moselle pour son enregistrement et sa publication officielle et devient alors juridiquement opposable.

Ce dépôt confère à l’esquisse une valeur juridique : elle devient la référence officielle utilisée par les notaires, les copropriétaires et les administrations pour toute opération immobilière.

Les enjeux et risques d’une esquisse d’étage non conforme

Une esquisse d’étage non conforme ou non mise à jour peut avoir des conséquences importantes, tant sur le plan juridique que financier.
Dans les départements d’Alsace-Moselle, où le Livre Foncier encadre la propriété immobilière, la moindre incohérence entre la réalité du bâtiment et les documents enregistrés peut bloquer une vente, fausser la répartition des charges ou créer des litiges entre copropriétaires.

Incohérences entre le titre de propriété et la réalité du bien

Lorsqu’un bâtiment a été modifié (cloison abattue, extension, combles aménagés…) sans mise à jour de l’esquisse, les plans officiels ne correspondent plus à la configuration réelle.
Cela crée une discordance entre le titre de propriété et la réalité physique du lot.
Autrement dit, ce que le propriétaire détient sur le papier ne correspond plus exactement à ce qu’il possède dans les faits, une situation qui peut poser problème lors d’une vente ou d’un contrôle.

Blocage de vente ou de mutation en copropriété

Avant toute vente immobilière, le notaire doit vérifier que les plans du lot vendu sont conformes à l’état réel du bien.
Si l’esquisse d’étage est obsolète ou inexistante, la transaction peut être bloquée jusqu’à régularisation.
C’est une étape indispensable, notamment dans les immeubles anciens, où des transformations non déclarées ont souvent été faites au fil du temps (ex : aménagement d’un grenier en logement).
Un simple oubli de mise à jour peut ainsi retarder une vente de plusieurs semaines, voire la rendre impossible tant que les documents cadastraux ne sont pas actualisés.

Litiges entre copropriétaires

Une esquisse d’étage inexacte peut aussi entraîner des litiges entre copropriétaires.
Par exemple, si les surfaces réelles ne correspondent pas à celles indiquées, certains peuvent payer trop ou trop peu de charges.
De même, une erreur dans la délimitation d’un lot (mur mitoyen, accès à une cave, terrasse partagée…) peut générer des conflits d’usage.
Ces désaccords sont souvent longs et coûteux à résoudre, car ils nécessitent l’intervention d’un géomètre-expert et parfois d’un tribunal pour établir les droits exacts de chacun.

Obligation de mise à jour lors de travaux

Tout travail modifiant la structure ou la surface d’un bien impose une mise à jour de l’esquisse d’étage.
C’est notamment le cas lors de :

  • la création d’une partie privative dans un immeuble,
  • la modification de la destination de l’usage lot (professionnel ou particulier)
  • la réunion de deux lots en un seul,
  • la transformation de combles, greniers ou garages,
  • ou la construction d’une extension verticale ou horizontale.

En cas d’oubli, le propriétaire s’expose à une irrégularité foncière, qui pourra lui être reprochée plus tard, notamment en cas de succession ou de revente du bien.

Coûts et délais de régularisation

Faire régulariser une esquisse d’étage a un coût, mais c’est une dépense indispensable pour éviter des problèmes plus lourds par la suite.
Le tarif dépend de plusieurs facteurs :

  • la taille du bâtiment,
  • le nombre de lots concernés,
  • la complexité de la mise à jour,
  • et les délais de publication au Livre Foncier.

En moyenne, le coût d’une esquisse d’étage varie entre 1000 € et 1500 € HT pour un dossier classique, et peut atteindre jusqu’à 3 000 € ou plus pour les immeubles complexes nécessitant un relevé complet et une mise à jour au Livre Foncier.
Le délai varie généralement de 2 à 6 semaines, le temps que le géomètre effectue le relevé, établisse les nouveaux plans, effectue les calculs, et dépose le dossier pour son enregistrement administratif.